Quand les psys abusent de leurs patientes : « Avec lui, j’acceptais tout »

Comme pour se donner de la force, Laure (elle a souhaité rester anonyme, comme toutes les personnes citées par leur prénom) est venue à notre rendez-vous un soir d’hiver avec une myriade de documents administratifs, journal de bord d’une femme dont l’existence a été percutée dans la petite enfance. Au-dessus de la pile, une plainte : celle qu’elle a déposée en mars 2023 contre son psychiatre pour « viols sur majeur ».
Son « suivi » débute en 2015. Conseillée par sa médecin généraliste, la mère de famille consulte ce praticien d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) pour se départir d’une relation toxique et destructrice. Elle va, selon son récit, en subir une autre, pendant six ans. L’histoire démarre avec des discussions sur la notion de transfert – que le médecin définit comme l’attachement affectif, voire amoureux, d’un patient envers son thérapeute. Puis elle dérive, avec des câlins dans le bureau du soignant, pour se terminer avec un tube de vaseline dans la salle d’attente pour que Laure se prépare à être sodomisée.
Le Monde a recensé, avec le concours d’avocats, de praticiens et de collectifs contre les violences sexistes et sexuelles, des dizaines d’affaires de femmes victimes de professionnels de la santé mentale dans des abus de pouvoir étalés sur plusieurs années, alors qu’elles étaient en situation de grande vulnérabilité.
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lemonde