Santé. Films, séries, musiques... le tabac est « omniprésent » dans la pop culture, et ça pose problème

L'Alliance contre le tabac alerte ce mercredi sur la « surreprésentation de la cigarette à l’écran », que ce soit dans des films, des séries ou des clips musicaux. L'association rappelle que cette « glamourisation » du tabac n'est pas anodine.
L'acteur Laurent Lafitte l'a rappelé, mardi soir, en ouverture du Festival de Cannes : le cinéma a le pouvoir de « changer le monde ». Pour le meilleur, mais aussi pour le pire, si l'on en croit l'Alliance contre le tabac (ACT). Pour la 78e édition du festival, l'association anti-tabac a voulu faire un gros plan sur la « banalisation du tabac dans la pop culture ».
« Le tabagisme est toujours omniprésent, que ce soit dans les films, les séries ou les clips musicaux », relève l'ACT ce mercredi. Selon une étude de l'ONG Truth Initiative, 80 % des œuvres nominées pour le dernier Oscar du meilleur film contenaient des scènes de tabagisme. À commencer par Anora, qui contenaient 14 minutes de fumée à l'écran.
De L’Amour ouf à Lady GagaLes salles obscures françaises ne sont pas plus exemplaires : entre 2015 et 2019, plus de 90 % des films français comportaient au moins un événement, un objet ou un discours en rapport avec le tabac, d'après La Ligue contre le cancer. Plus récemment, c'est L’Amour ouf qui s'est illustré, avec 11 minutes de tabagisme cumulées – l'équivalent de 22 spots publicitaires.
Sur petit écran, le phénomène est encore plus saisissant : « en moins de 10 ans, le tabac à l’écran a quadruplé dans les séries pour jeunes », alerte l'ACT. Et l'association de citer les exemples de Stranger Things (la deuxième saison contient 260 scènes de tabagisme), Formula 1 : Drive to Survive et Dahmer.
La musique n'échappe pas non plus à la « glamourisation » du tabac, observe l'Alliance contre le tabac. Parmi les clips les plus visionnés du moment, on retrouve ainsi Die with a Smile de Bruno Mars et Lady Gaga, où la chanteuse passe près de la moitié du clip une cigarette à la bouche. Addison Rae, dans son clip Aquamarine, ne fait pas mieux.
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« Si la cigarette est tant présente aujourd’hui sur nos écrans, c’est parce que l’industrie du tabac s’est efforcée de lui donner un rôle », affirme Marion Catellin, directrice de l’ACT, dans un communiqué. En France, la promotion du tabac est (en théorie) interdite depuis 1991 et la loi Évin. Mais en réalité, des placements de produits dans les films ont perduré pendant plusieurs années, comme dans Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, Agents secrets ou encore Quartier V.I.P.
Ces pratiques ont aujourd'hui cessé, contrairement à « la surreprésentation de la cigarette à l’écran », insiste l'Alliance contre le tabac. Et ce, alors qu'elle a « un impact bien réel chez les ados ». D’après une enquête de l'association, 48 % des jeunes de 15 à 25 ans indiquent que le tabac à l’écran les incite à fumer. Et d'autres études affirment qu’une exposition répétée double le risque de devenir fumeur.
Aux États-Unis, plusieurs entreprises – comme Disney, Paramount Pictures et la Warner Bros. – se sont déjà engagées à limiter les scènes de tabagisme dans les œuvres qu'elles produisent. En France, Marion Catellin appelle les autorités à « encadrer la promotion du tabac dans les domaines artistiques et culturels », à travers une charte entre les différentes parties prenantes.
Une telle charte existe déjà depuis 2020, mais dans le domaine alimentaire. Pilotée par l'Arcom, elle incite à produire des contenus audiovisuels encourageant une alimentation saine. Dans son Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2018-2022, l'exécutif prévoyait aussi l'élaboration d'une telle charte pour le tabac. Un projet resté lettre morte. Le PNLT 2023-2027 se donne bien pour objectif de « dénormaliser le tabac dans les œuvres cinématographiques et audiovisuelles », mais seulement à travers une action de « plaidoyer ».
Le Bien Public