Pourquoi laisser tourner la climatisation de votre voiture à l’arrêt est une très mauvaise idée

En pleine canicule, des automobilistes laissent tourner la clim’ de leur voiture à l’arrêt. Coût, usure, amendes... Ce geste anodin cache des réalités bien moins rafraîchissantes…
En pleine canicule, la tentation est grande de laisser tourner la climatisation de sa voiture pour maintenir la fraîcheur à l’intérieur de l’habitacle. L’affaire avait fait grand bruit il y a quelques années : en 2019 alors que Paris suffoquait sous une vague de chaleur et que la circulation différenciée avait été instaurée pour limiter la pollution, François Ruffin, député de la Somme, avait interpellé plusieurs ministres dans la cour de l’Assemblée nationale. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on le voyait pointer du doigt les véhicules officiels, moteurs allumés, climatisation à plein régime sous 40°C, pendant que les membres du gouvernement étaient interrogés à l’intérieur au sujet de la canicule et de l’urgence climatique. «Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais», ironisait-il, dénonçant le contraste entre les discours officiels et les comportements réels des responsables politiques.
Au-delà de l’anecdote, la législation française est claire : il est interdit de laisser tourner le moteur de son véhicule à l’arrêt, sauf en cas de nécessité absolue. L’article R318-1 du Code de la route établit le principe fondamental : «Les véhicules à moteur ne doivent pas émettre de fumées, de gaz toxiques, corrosifs ou odorants, dans des conditions susceptibles d’incommoder la population ou de compromettre la santé et la sécurité publiques».
Principe précisé très clairement par un arrêté (du 12 novembre 1963, toujours en vigueur), où le Ministre des Travaux publics et des Transports Marc Jacquet écrivait clairement en son article 2 : «les véhicules en stationnement doivent avoir leur moteur arrêté, sauf en cas de nécessité, notamment lors des mises en route à froid». Le non-respect de ces dispositions expose les contrevenants à une contravention de quatrième classe : soit la somme de 135 euros.
Dans la très grande majorité des voitures thermiques, il n’est pas possible d’utiliser la climatisation moteur éteint. Seules certaines voitures hybrides ou les voitures électriques permettent de faire fonctionner la climatisation sans que le moteur principal thermique soit en marche, car leur compresseur peut être alimenté électriquement de façon autonome.
Si la législation a prévu ce cadre, cela s’appuie sur des considérations environnementales. Un véhicule climatisé rejette environ 5% de CO2 de plus qu’un véhicule non climatisé... Mais il faut aussi avoir en tête que cette pratique peut vous coûter cher autrement. La consommation de carburant au ralenti avec climatisation est particulièrement élevée. Une approximation courante indique qu’un moteur consommant au ralenti utilise environ 4 litres de carburant par heure. L’utilisation de la climatisation entraîne une surconsommation d’environ 2 litres aux 100 kilomètres en ville et 0,4 litre sur route. Et puis, fonctionner la climatisation en ralenti prolongé augmente la charge sur le moteur et peut entraîner une usure prématurée des composants.
Bref, les automobilistes qui échapperont à l’amende devront finalement passer à la caisse de la pompe à essence, ou celle du garagiste lors du contrôle technique...
lefigaro