Des mesures sont prises, mais les prix augmentent. Pourquoi les prix des carburants ne baissent-ils pas en Russie ?

La Bourse de Saint-Pétersbourg impose des restrictions sur le commerce du diesel afin de freiner la hausse de ses prix. Une mesure similaire avait déjà été mise en place pour l'essence. NI a enquêté sur l'efficacité de ces mesures et sur les prix du carburant auxquels les Russes peuvent s'attendre.
Aujourd'hui, la Bourse de Saint-Pétersbourg a instauré des restrictions strictes sur la quantité de gazole que chaque participant peut acheter et sur les éventuelles variations de prix. Ces mesures visent à endiguer la flambée des prix, qui ne cesse de battre des records : lundi 22 septembre, la tonne de gazole se vendait 69 514 roubles.
Cependant, des mesures similaires sont déjà en vigueur pour l'essence, entrées en vigueur le 8 septembre. Et que constatons-nous ? La hausse des prix de gros de l'AI-95 marque le pas pour l'instant, mais aucune baisse notable n'est observée. Début septembre, la tonne d'AI-95 a culminé à 81 791 roubles et se situe désormais à 78 411 roubles. L'AI-92 a même établi un nouveau record le mardi 23 septembre, à 74 164 roubles la tonne.
L'interdiction d'exporter de l'essence et les restrictions sur les transactions boursières ne contribuent en rien à la baisse des prix du carburant. Cependant, le ministère de l'Énergie n'a évoqué que brièvement les raisons de cette situation début août 2025 : une maintenance imprévue de la raffinerie, qui a provoqué une pénurie de carburant. Il a également assuré que les travaux de maintenance progressaient à un rythme accéléré et que le manque serait compensé en quelques jours. Mais un mois et demi plus tard, rien n'a changé.
Les autorités ne divulguent pas les raisons de la maintenance imprévue de la raffinerie. Cependant, les médias occidentaux font régulièrement état d'attaques de drones contre des raffineries. Seules les déclarations des autorités régionales confirment officiellement ces incidents.
La pénurie de carburant est due à une maintenance imprévue d'une raffinerie. Photo : Douma de la ville de Volgograd.
Depuis début août, la raffinerie Lukoil de Volgograd a été attaquée à deux reprises, tandis que les raffineries de Bashneft, de Kirishi (Sourgoutneftegaz), de Neftekhim Salavat (Gazprom), ainsi que les raffineries d'Afipsky et de Slavyansky (Krasnodar) ont été attaquées une fois chacune. Des attaques ont également été signalées contre les raffineries de Syzran, Riazan et Saratov (Rosneft), ainsi que contre la raffinerie Lukoil de Nijni Novgorod. Ces événements n'ont toutefois pas été confirmés de source officielle.
Les fluctuations des prix en bourse inquiètent les Russes, car le carburant affecte non seulement la mobilité personnelle mais aussi le coût des marchandises dans les magasins, livrées par des camions à moteur diesel.
L'Irlande du Nord a étudié la dynamique des prix du carburant en bourse et au détail, et voici ses conclusions : les fluctuations de prix à la Bourse de Saint-Pétersbourg n'ont pas d'impact sur les tendances à long terme. Au cours des trois dernières années, les prix de l'essence ont augmenté de 22 % sur les marchés de gros et de détail.
Au cours des trois dernières années, les prix des carburants ont augmenté de 22 %, tant en bourse qu'en station-service. Photo : Petrol Plus
En août et septembre 2025, les prix de l'essence dans les stations-service ont augmenté légèrement plus vite que d'habitude, de 3,7 %, selon les données de suivi de Petrol Plus. Cependant, le gouvernement envisage actuellement de prolonger l'interdiction d'exportation d'essence pour les producteurs jusqu'en octobre 2025. Cette nouvelle pourrait ralentir la hausse des prix à un niveau normal de 0,8 % par mois.
À ce rythme, d'ici la fin de l'année, le prix moyen de l'essence AI-95 devrait atteindre 65,3 roubles le litre en Russie et 67 roubles à Moscou. La barre des 70 roubles pourrait être franchie dès juin 2026. L'essence à indice d'octane 92 n'étant pas très demandée à Moscou, elle est moins chère dans la capitale que la moyenne nationale. D'ici fin 2025, son prix atteindra respectivement 61,14 et 60,7 roubles.
D'ici la nouvelle année, les prix du carburant diesel augmenteront en moyenne à 73,57 roubles en Russie (le prix moyen est affecté par les prix élevés en Extrême-Orient et dans l'Arctique) et à 72,7 roubles à Moscou.
À l'été 2026, l'essence AI-95 pourrait coûter plus de 79 roubles le litre. Photo : 1MI
Les prix des carburants augmentent toujours à long terme. Cela signifie que les sommets boursiers actuels sont loin d'être terminés, même si les raffineries reprennent leur activité.
Rien n'indique encore une amélioration de l'accessibilité financière de l'essence en Russie. Elle est déjà faible. La Russie, autrefois considérée comme le pays des stations-service, n'est classée qu'au 15e rang en matière d' accessibilité financière des carburants. L'été dernier, le salaire moyen ne permettait d'acheter que 1 360,2 litres d'essence.
La Russie se classe au 15e rang en termes d'accessibilité à l'essence. Photo : 1MI
Presque toute l'Europe, à l'exception des pays baltes, de la Pologne et de certains pays du Sud, est en avance. Au Luxembourg, les habitants peuvent consommer autant de gaz qu'ils le souhaitent : leurs salaires couvrent 2 875,3 litres ; au Royaume-Uni, 2 572 litres ; et en Norvège, 2 294,3 litres.
Curieusement, la consommation de carburant est un enjeu crucial en Russie, et non dans l'UE. Pourtant, contre toute logique, le ministère russe de l'Industrie et du Commerce instaure des taxes de recyclage prohibitives sur les véhicules hybrides importés. La seule solution est d'apprendre à conduire de manière plus économe en carburant.
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