Exclusif : Demande des acteurs de l'EPS et du secteur de la santé au bureau du procureur général pour aider à prévenir l'effondrement du système

Le système de santé traverse une crise financière qui affecte tous ses acteurs et met en danger la vie de millions de Colombiens. L'unité de paiement par capitation (UPC), qui correspond au montant que chaque EPS reçoit par membre, serait sous-financée, car l'augmentation calculée par le gouvernement n'était pas basée sur les dépenses réelles du système. Face à cette situation, la Cour Constitutionnelle, dans son arrêt 007, a ordonné la formation de comités techniques parmi les différentes parties prenantes pour examiner le retard dans le calcul de l'UPC et déterminer son ampleur.

Le ministre de la Santé Guillermo Alfonso Jaramillo lors de l'installation des groupes de travail de l'UPC. Photo : Mauricio Moreno
Selon l'Association colombienne des entreprises de médecine intégrale (Acemi), pour chaque 100 pesos reçus de l'UPC en 2024, 109,5 ont été dépensés. Cependant, les tables rondes techniques convoquées et dirigées par le ministère de la Santé pour mettre à jour l'augmentation de l'UPC n'ont pas atteint cet objectif, c'est pourquoi cette semaine la Cour, dans une nouvelle décision, a ordonné qu'elles soient répétées, cette fois avec plus de participants et une méthodologie différente.
Pour que les nouvelles tables rondes remplissent réellement leur fonction, Acemi et divers acteurs du secteur de la santé, tels que l'Andi, l'Asocajas et les associations d'usagers et de patients, ont présenté vendredi une proposition au Bureau du Procureur général de la République, sous la direction du Procureur général Gregorio Eljach, pour superviser le processus et agir comme observateur des discussions. La proposition, fondée sur dix piliers et connue exclusivement d'EL TIEMPO, vise à respecter le mandat de la Cour de manière technique, avec l'inclusion de toutes les parties prenantes et dans un format dans lequel le ministère n'est pas à la fois juge et jury, mais permet plutôt que la discussion soit résolue de manière impartiale.

Points présentés par Acemi au Bureau du Procureur Général. Photo : Archives privées
Selon Acemi, le modèle actuel de discussion mené par le ministère de la Santé a échoué dans sa tentative de générer un consensus technique. Ils proposent donc une approche centrée sur la résolution des conflits. Pour commencer, et reconnaissant qu'il existe deux positions opposées - celle du gouvernement, qui considère l'UPC suffisante, et celle des assureurs, qui dénoncent un sous-financement structurel - ils proposent une méthodologie visant à résoudre les différends par le biais d'un dialogue technique, comme s'il s'agissait d'un « processus de paix ».
Le deuxième point de la proposition souligne la nécessité pour toutes les parties prenantes de disposer d’un espace efficace pour faire valoir leurs positions. « Les parties sont tenues de disposer des mécanismes et du temps nécessaires pour argumenter, présenter et fournir des informations à l’appui de leurs revendications et permettre une analyse technique complète », stipule la proposition.
Un élément clé soulevé par Acemi est l’inclusion d’un médiateur indépendant. Ce facilitateur, indépendant des parties en conflit, serait chargé de veiller à une utilisation équitable du temps, à la présentation des arguments et à la systématisation des accords conclus lors de chaque séance. Cela permettrait d’éviter que le processus ne soit mené exclusivement par le ministère. Un tel médiateur pourrait être le bureau du procureur général ou une autre entité impartiale.

Gregorio Eljach, procureur général. Photo : Avec l'aimable autorisation
La traçabilité des informations est un autre axe fondamental. Acemi propose que tout ce qui sera discuté lors des tables rondes soit enregistré dans un référentiel technique, à la disposition d’un groupe d’experts. Ce comité serait composé de représentants du ministère de la Santé et de la Protection sociale, du ministère des Finances, de l’Institut d’évaluation des technologies de la santé (IETS), de deux représentants du monde universitaire et d’un expert actuariel. Les analyses et conclusions de ce groupe seraient publiques et permettraient une validation transparente du processus.
Le syndicat prévient que les informations disponibles nécessitent des ajustements substantiels. Actuellement, le ministère dispose de données fragmentées, en grande partie en raison du manque de rapports des EPS dans lesquels il intervient, qui servent plus de 29 millions de Colombiens. Un meilleur accès à ces données, actuellement entre les mains de la Surintendance de la santé, qui supervise les neuf compagnies d’assurance intervenues, permettrait d’avoir une vision plus complète du système. Il est également proposé de compléter ces informations avec les données de l’IPS.
De plus, il est nécessaire de croiser les données entre les EPS non intervenus et les IPS à l’aide d’une base de données standardisée. Cela permettrait non seulement de comprendre plus précisément les dépenses réelles de santé, mais aussi de clarifier l'ampleur et les caractéristiques de la dette entre les assureurs et les prestataires, un chiffre qui varie actuellement de plusieurs milliers de milliards de pesos, selon la source consultée.
Concernant le fonctionnement des panels techniques, Acemi insiste sur le fait que chaque session doit systématiquement aborder un thème spécifique. Vous ne devez pas passer au point suivant sans avoir épuisé et documenté techniquement le précédent. À la fin de chaque séance, un compte rendu validé par tous les participants doit être signé et utilisé comme élément vérifiable pour l’analyse ultérieure.

Ana María Vesga, présidente d'Acemi. Photo : Acemi
La composition de ces tables doit également être renforcée. Conformément à ce qui a été déclaré par la Cour constitutionnelle dans son arrêt 007, une représentation pluraliste est requise. Acemi propose l’inclusion des assureurs, des prestataires, de l’industrie pharmaceutique, des patients, des sociétés scientifiques, du monde universitaire, du gouvernement et des organismes de réglementation. La participation du High Cost Account, chargé de surveiller l’ajustement des risques, est considérée comme essentielle pour donner une légitimité au processus.
Concernant les résultats attendus, le syndicat propose non seulement de revoir la valeur de l'UPC pour 2024, mais aussi de procéder à un ajustement rétroactif à partir de 2021 et d'établir une méthodologie de calcul durable pour l'avenir. Pour cet exercice, il est suggéré de réunir des experts nationaux et internationaux en sciences actuarielles, en économie de la santé et en gestion publique.
Enfin, Acemi souligne le rôle crucial que doit jouer le Bureau du Procureur général en tant que garant institutionnel. Au-delà de sa fonction de contrôle, le syndicat estime que le ministère public doit mener un processus technique, objectif et exempt d'intérêts politiques.
« L'Acemi EPS considère le rôle du ministère public comme fondamental dans ce contexte. Il garantit un processus transparent, public, vérifiable et reproductible. La proposition déposée auprès du procureur général de la Nation, Gregorio Eljach Pacheco, vise un exercice technique, objectif et apolitique, qui requiert la meilleure disposition de toutes les parties prenantes », conclut le syndicat.
Journaliste Environnement et Santé
eltiempo