Course pédestre: le Laurentin Lucas sur les traces de son père William

Bon sang ne saurait mentir… Le dicton est forcément lourd de sens, pour celui qui a reçu en héritage ce goût du dépassement de soi, ce besoin quasi vital, presqu’irrépressible, d’aller sans cesse titiller ses limites. Des qualités qui, à ses yeux, ont fait de son père un exemple, presqu’un héros. Et pourtant! S’ils partagent le même code génétique et témoignent d’une vraie complicité au quotidien, entre William et Lucas, c’est l’inévitable choc des générations. Deux univers qui s’entremêlent, mais aussi deux façons de concevoir le sport, d’en apprécier les contraintes aussi…
À bientôt 52 ans, le chef de famille (il a également une fille, Chloé qui, à 12 ans, commence à performer sur les cross scolaires) n’a rien perdu de sa lucidité et sait pertinemment que sa carrière est plutôt derrière lui. Ancien athlète de haut niveau (inscrit sur les listes ministérielles) et retraité des cadres de l’Armée, il affiche un palmarès de nature à filer le vertige à plus d’un bouffeur de bitume: s’il a épinglé plusieurs titres de champion de France, il a également été sacré champion d’Europe et du monde Masters. En vérité, le nom Struyven, à l’oreille des spécialistes, claque comme une référence. Même si, désormais, l’homme se bat davantage pour freiner la course du temps que pour défier le chrono…
Admiration et fiertéIl reste malgré tout un modèle, et même une source d’inspiration pour ce rejeton qui, très tôt, l’a accompagné sur les courses. Grimpait avec lui sur les podiums (photo médaillon). "Je l’ai toujours admiré, glisse Lucas. Il m’a donné envie de faire comme lui…"
Le jeune homme (18 ans), interne en deuxième année de prépa (ingénieur) au CIV de Valbonne, n’a toutefois décidé d’emboîter le pas au daron et de s’accrocher à son tour un dossard qu’assez tardivement. Même si ça semblait écrit d’avance, et qu’en réalité, il a attendu bien moins que ça avant de chausser sa première paire de baskets. "Au départ, c’était plus pour l’hygiène, la santé. La confrontation directe avec les autres ne m’intéresse pas vraiment. Mais avec le temps, j’ai atteint un certain niveau, alors j’ai commencé à me lancer sur des courses officielles".
Trois séances par semaineBien lui en prit. Alors qu’il n’est encore que juniors, il a en effet déjà remporté trois classements scratch (dont, tout récemment, le 12km de la Mounta Cala de l’Abadia). "Il y a forcément de l’émotion à le voir s’imposer, de la fierté aussi. Même si je sais qu’il n’est qu’à 30 ou 35% de ses possibilités…"
Pour autant, ne comptez pas sur le papa pour mettre la pression sur cet héritier tout désigné. "En aucun cas! En tant qu’entraîneur (au Stade Laurentin, depuis un quart de siècle, NDLR), je commence juste à lui donner quelques séances. Depuis 7 ou 8 mois, il est ainsi passé à trois entraînements par semaine." Et ça n’a l’air de rien, mais pour l’étudiant, ça n’est pas sans conséquences sur un emploi du temps déjà hyper-condensé… Pour l’heure, il semble toutefois y trouver son compte. "Ça me permet de mieux mesurer mes progrès. Mais attention, la course à pied pour moi, c’est d’abord et surtout un équilibre intérieur…"
Pas question, donc, qu’il change sa perception du futur, bouleverse l’ordre de ses priorités. "Je ne me projette pas, je n’ai pas d’objectifs bien ciblés. Les études passent avant tout. Courir, c’est juste une passion, un plaisir."
Les études d’abord!"Et je vois ça d’un très bon œil, rebondit le paternel. Je sais qu’il est plus épanoui comme ça. En tout cas, il est libre de ses choix. Finalement, je n’attends de lui qu’une seule chose: qu’il se donne les moyens d’aller à son maximum."
De vouloir néanmoins rester dans le partage, la transmission. "Il est devenu assez grand pour que l’on puisse faire des footings ensemble. Et il ne va pas tarder à aller plus vite que moi. Quand ça arrivera, ce sera une vraie fierté! Mais Lucas, par sa persévérance et sa façon d’être, est déjà le fils que tout le monde rêverait d’avoir."
Qualifié pour les prochains championnats de France du 10km, le garçon vient de signer sa toute première licence au Stade Laurentin. Un signe?
Trois générationsLe père, le fils, et… le grand-père, Charles. Qui, "en fait, a commencé à courir avec moi, rembobine William. Au départ, c’était juste pour m’accompagner mais il y a vite pris goût. Au point d’atteindre un bon niveau régional. "
Nice Matin