Face à Castres en barrage, le RCT devra transformer les rucks en zone de non-droit

Avant de parler de jeu de mouvement, de passes dans le dos et de cette faculté qu’ont Leicester Fainga’anuku et Jérémy Sinzelle à dominer le centre du terrain, c’est bien davantage par sa capacité à massacrer les packs adverses que le RCT s’est replacé comme un acteur majeur du rugby hexagonal et continental cette saison.
Et au cœur de l’hiver, quand la simple évocation des lettres R, C et T donnait des frissons dans le dos de tous les adversaires du club toulonnais, c’est bien parce que croiser la route de la bande à Mignoni, c’était avoir la certitude de repartir avec les épaules meurtries, des bleus aux avant-bras et les côtes en vrac.
Car dans le sillage de David Ribbans, de Facundo Isa et de Dany Priso Mouangué, le RCT s’était imposé comme l’un des tout meilleurs packs de la scène ovale. Imprenable en mêlée fermée, auteur chaque semaine d’un ou plusieurs essais sur ballon porté et (surtout) capable de nettoyer n’importe quelle zone de ruck.
"Une bataille mentale"Et forcément, depuis son élimination en quart de finale de Champions Cup mi-avril, suivie d’un trou d’air de deux mois, si Toulon joue moins bien, c’est en grande partie car ses avants sont moins dominateurs dans la bataille du jeu au sol.
Pour preuve, lors de leur dernière sortie en date, à Bayonne, les coéquipiers de Kyle Sinckler ont perdu… six ballons dans les rucks. Soit autant de munitions gâchées, alors que le RCT connaissait déjà toutes les peines du monde à se créer des occasions.
"Contre Bayonne, on a souffert. Et au sol, quand tu n’y es pas, il peut y avoir deux explications. Soit c’est que le porteur s’isole dans un lancement. Soit que les joueurs autour ne réagissent pas, analysait Pierre Mignoni au moment de revenir sur la contre-performance de ses hommes à Jean-Dauger. Je dirais que ce n’était pas un manque d’envie, mais plutôt de grinta. Et quand il t’en manque 10%, c’est toujours dans les rucks que ça se voit. À Bayonne, on a certainement manqué de précision, et d’agressivité."
Et David Ribbans, jamais fâché à l’idée de perdre quelques années d’espérance de vie pour faire le ménage dans une zone de ruck, de poursuivre: "Je pense qu’on a perdu notre structure, et les collisions. Donc on a travaillé cela cette semaine. Face à Castres, on devra gagner le combat. Ce sera une bataille mentale."
"Régler le degré d’agressivité"Car pour exister face à des Castrais morts de faim, et experts du sol (seulement deux ballons perdus au sol sur les deux dernières journées, pour sept grattés sur la même période), les Toulonnais devront absolument se réveiller dans les rucks, où il est coutume de dire qu’on remporte un duel à 2% grâce à sa technique, et à 98% par son envie de se faire mal pour transformer le corps du copain qui vient de passer par le sol en une zone de non-droit.
"Castres va nous imposer du combat, alors si on a l’ambition de jouer et d’exister, il va falloir qu’on soit présent au sol, acquiesçait Teddy Baubigny. Il faudra régler le degré d’agressivité et d’engagement. Les rucks, c’est avant tout une question d’engagement."
Face à Castres, le RCT devra donc revenir à ce qui lui a permis de terminer dans les hautes sphères du Top 14. Comprenez un rugby plus bestial qu’élégant.
Et avant de lancer à toute allure les Wainiqolo et Tuicuvu dans des intervalles, il faut d’abord que les Ribbans, Halagahu et Ludlam aient la bave aux lèvres à chaque déblayage.
Et fassent en sorte que les Castrais aient des frissons dans le dos à la simple idée de jeter ne serait-ce qu’un regard dans un ruck.
Blessés de longue date, Gianmarco Lucchesi (genou), Charles Ollivon (genou) et Joé Quere-Karaba (commotion) seront évidemment absents pour ce barrage. Enzo Hervé, touché aux ischios face à Bordeaux, et déjà out pour le déplacement à Bayonne, sera à nouveau absent face à Castres. Ce sera également le cas du meilleur marqueur toulonnais de la saison, Gaël Dréan, toujours absent pour "raisons personnelles" selon Pierre Mignoni.
Enfin, victime d’une commotion à Bayonne, et alors même qu’il pensait avoir réussi le protocole avec le médecin de match la semaine passée à Bayonne, Gabin Villière est bel est bien forfait. En revanche, d’après le manager du RCT, l’ailier international français (29 ans, 18sélections) serait disponible "pour une éventuelle demi-finale".
Le groupe. Avants: Brennan, Gros, Priso Mouangué; Baubigny, Ivaldi; Gigashvili, Setiano, Sinckler; Alainu’uese, Halagahu, S. Rebbadj, Ribbans; Abadie, Coulon, Isa, Le Corvec, Ludlam, S. Tolofua. Trois-quarts : Danglot, Serin, White; Biggar, Garbisi; Fainga’anuku, Nonu, Sinzelle; R. Rebbadj, Tuicuvu, Wainiqolo; Domon, Jaminet.
Var-Matin