Transcription : Kevin Hassett, directeur du Conseil économique national, sur « Face the Nation with Margaret Brennan », 8 juin 2025

Ce qui suit est la transcription d'une interview avec Kevin Hassett, directeur du Conseil économique national, diffusée sur « Face the Nation with Margaret Brennan » le 8 juin 2025.
MARGARET BRENNAN : Nous accueillons maintenant le directeur du Conseil économique national, Kevin Hassett. Il nous rejoint depuis la Maison-Blanche. Bonjour.
KEVIN HASSETT, DIRECTEUR, CONSEIL ÉCONOMIQUE NATIONAL : Bonjour Margaret, bonjour.
MARGARET BRENNAN : Je voudrais donc vous permettre de répondre à certaines critiques très précises formulées par la sénatrice Klobuchar. Elle a notamment évoqué un point que, franchement, le chef de la majorité au Sénat semblait reconnaître comme étant en discussion : il s’agissait de Medicare et d’un ajustement. Il a déclaré que tout ce qui constitue du gaspillage, de la fraude et des abus est sujet à discussion. La Maison-Blanche est-elle ouverte à toute discussion concernant Medicare ?
HASSETT : Tout d’abord, les sénateurs, soucieux du processus législatif, discutent de ce qu’ils pensent pouvoir proposer. Le président a clairement indiqué que mettre fin au gaspillage, à la fraude et aux abus, et accorder des prestations aux sans-papiers et aux travailleurs valides sont ses priorités absolues. Si le Sénat propose d’autres points qu’il souhaiterait que nous examinions, je suppose que nous les examinerons. Mais il y a eu beaucoup de fausses rumeurs sur l’existence de Medicare, et ce n’est absolument pas le cas.
Il y a quelques semaines, les médias ont relayé l'information selon laquelle, à la fin du processus budgétaire, si les plafonds budgétaires n'étaient pas levés, les dépenses seraient réduites de manière généralisée. Personne ne l'aurait souhaité, et aucun démocrate ne voterait pour cela. Pourtant, on a présenté cela comme une intention de s'en prendre à Medicare, et ce n'était qu'une vaste fausse information la semaine dernière.
MARGARET BRENNAN : D'accord, donc le chef Thune et le chef Johnson ont… et le président Johnson n'ont rien dit sur le gaspillage, la fraude et les abus. Mais vous, en ce moment, vous…
HASSETT : Gaspillage, fraude et abus. Gaspillage, fraude et abus...
MARGARET BRENNAN : Mais pour être–
HASSETT : C'est la même chose.
MARGARET BRENNAN : Compris, mais vous retiriez Medicare de la table. La Maison Blanche dit de ne pas le faire…
HASSETT : Non, nous… non, mais, mais, mais, mais… je n’ai pas… j’ai constaté un gaspillage, une fraude et des abus massifs dans Medicaid, et je n’ai pas été informé des gaspillages, des fraudes et des abus dans Medicare. Mais s’ils découvrent quelque chose, bien sûr, nous l’examinerons.
MARGARET BRENNAN : Vous le regarderiez --
HASSETT : -- Bien sûr
MARGARET BRENNAN : -- La sénatrice Hawley a également été évoquée par la sénatrice Klobuchar. Klobuchar, et le sénateur du Missouri, a clairement indiqué qu'il souhaitait voir des modifications aux exigences accrues de participation aux frais pour Medicaid, telles qu'elles figuraient dans la version de la Chambre transmise au Sénat. Êtes-vous satisfait de ce projet de loi tel qu'il est rédigé ? Que souhaitez-vous voir apporté à Medicaid ?
HASSETT : Encore une fois, ce que nous souhaitons maintenant, c’est que le Sénat adopte le projet de loi, puis que la Chambre et le Sénat règlent leurs différends tout en négociant avec nous. Pour l’instant, le Sénat doit obtenir les votes nécessaires pour l’adopter, et nous le soutenons dans cette démarche. Mais il faut aussi garder à l’esprit, dans un rapport que nous avons remis au Conseil des conseillers économiques, que si le projet de loi n’est pas adopté, il estime que cela entraînerait une baisse du PIB de 4 %. Nous serions en pleine récession. Nous perdrions six ou sept millions d’emplois, et la quasi-totalité de ces personnes perdraient leur assurance. L’idée selon laquelle seules les personnes assurées par le gouvernement pourront bénéficier d’une assurance est donc tout simplement fausse. Si nous créons les emplois prévus par le projet de loi, nous créerons bien plus d’assurance que ce dont nous parlons en matière de gaspillage, de fraude et d’abus.
MARGARET BRENNAN : Vous êtes donc ouvert à ce que le sénateur Hawley cherche à changer, c'est ce que je comprends.
HASSETT : Il faudrait que j'aille voir ce qu'il a et que j'en examine les détails avant de dire que je l'ouvre. Et j'aimerais aussi parler au Président de ce sujet précis, ce que je n'ai pas encore fait.
MARGARET BRENNAN : D’accord, l’un des autres facteurs majeurs qui influencent actuellement l’économie est la guerre commerciale, notamment avec la Chine. Demain à Londres, le secrétaire au Trésor, le représentant au Commerce et le secrétaire au Commerce rencontreront des responsables chinois. Le secrétaire au Trésor Bessent nous a indiqué dimanche dernier que les tensions récentes concernaient les exportations de minéraux critiques. Quand ces exportations reprendront-elles ? Et qu’attendez-vous de la réunion de demain ?
HASSETT : Exact. Ces exportations de minéraux critiques ont été débloquées à un rythme plus élevé qu'auparavant, mais pas aussi élevé que ce que nous pensions avoir convenu à Genève. Le président Trump, en tant que négociateur, a discuté avec le président Xi et lui a dit : « Rassemblons nos hauts responsables et ceux qui sont de votre niveau. Organisez-les pour les réunir quelque part et clarifier ces points. Ensuite, nous clarifierons ce que vous n'appréciez pas et que nous avons accepté de débloquer de notre côté, et nous nous serrerons la main. » Il a littéralement dit : « Je veux vous rencontrer à Londres et vous serrer la main, afin que nous sachions que nous avons un accord. » Ensuite, il y a eu un échange très cordial sur la visite du président Trump en Chine et la venue du président Xi. Je suis donc convaincu que cet accord est sur le point d'être conclu, non pas avec des fonctionnaires et des bureaucraties, mais avec des poignées de main. C’est ainsi que fonctionne le président Trump.
MARGARET BRENNAN : Mêmes termes, rien de nouveau.
HASSETT : Eh bien, je pense qu’on ne peut pas parler des termes qu’ils proposent, car ils y travaillent encore. Mais l’essentiel, c’est que nous voulons que les terres rares, les aimants essentiels aux téléphones portables et à tout le reste, continuent de circuler comme avant début avril. Et nous ne voulons pas que des détails techniques viennent ralentir ce processus, et c’est clair pour eux.
MARGARET BRENNAN : Notre sondage CBS News montre que la plupart des Américains n’apprécient pas les droits de douane et que la plupart d’entre eux ne pensent pas que l’administration Trump ait un plan. Nous entendons également des économistes de renom, dont le directeur de la Réserve fédérale de Philadelphie, qui affirment que les règles sont très floues et que les chefs d’entreprise ont besoin de certitudes. Quand obtiendront-ils cette certitude de la part de l’administration ?
HASSETT : Eh bien, vous pouvez être sûr qu’il y aura des droits de douane, et ce que certains disent à ce sujet est en contradiction avec ce que vous et moi avons déjà évoqué, Margaret. Donc, ce qui se passe, c’est que nous avons un déficit commercial avec la Chine depuis toujours, parce qu’ils veulent simplement vendre des produits ici, pour créer des emplois en Chine et, vous savez, contrôler leur gouvernement, ce qui crée du chômage, ce qui rend plus difficile le fonctionnement d’une dictature. Le fait est que si nous leur imposons des droits de douane, ils les supporteront. Alors, que s’est-il passé ? Ce qui vient de se passer, c’est que nous avions environ 60 milliards de dollars de recettes douanières aux États-Unis, et l’inflation, toutes les mesures d’inflation, est à son plus bas niveau depuis plus de quatre ans. Donc, toutes nos politiques contribuent à réduire l’inflation et à réduire le déficit en obtenant des recettes d’autres pays. Et concernant les recettes, je pense que vous l'avez peut-être déjà dit. Le Congressional Budget Office a publié une estimation sur 10 ans selon laquelle les recettes douanières actuelles généreront 2 800 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années. C'est plus que leur propre estimation, leur propre estimation statique. Donc, ce projet de loi, c'est une réduction du déficit.
MARGARET BRENNAN : Je suis contente que vous ayez évoqué cette statistique, car elle m'a fait réfléchir. Vous venez de dire qu'il y aura certainement des droits de douane. Vous dites que les droits de douane resteront en place, que c'est une source constante de…
HASSETT : --nous sommes, nous négocions des accords réciproques-
MARGARET BRENNAN : --de
HASSETT : --Vous avez vu des affaires.
[DIAPHONIE CROISÉE]
HASSETT : Et exactement où ils en sont. Nous travaillons là-dessus et nous ouvrons les marchés. Donc…
MARGARET BRENNAN : Oui, mais les accords… c’est là que je suis bloquée, car il s’agit de négocier une baisse des tarifs douaniers. C’est donc une source de revenus qui diminue avec le temps. Mais dites-vous qu’il y aura des tarifs douaniers généralisés…
HASSETT : --L'année dernière--
MARGARET BRENNAN : --de quel pourcentage ?
HASSETT : L’année dernière, avant notre arrivée, nous percevions 80 milliards de dollars par an en droits de douane. Aujourd’hui, le CBO prévoit que nous allons en percevoir 2 800 milliards au cours des dix prochaines années. Le montant exact dépendra de l’ouverture des marchés étrangers à nos produits et de la manière dont ils traiteront nos agriculteurs. Nous verrons bien…
MARGARET BRENNAN : --Vous ne savez donc pas combien de revenus vous allez avoir--
HASSETT : Les recettes, les recettes s'élevaient à 80 milliards l'an dernier. Les recettes douanières ne vont pas disparaître. C'est ce que je dis.
MARGARET BRENNAN : Mais nous ne savons pas quels seront les tarifs douaniers. Donc…
HASSETT : Nous les négocions pays par pays.
MARGARET BRENNAN : Exactement.
HASSETT : Nous avons conclu de nombreux accords commerciaux. Nous avons déjà conclu un accord commercial avec le Royaume-Uni. Vous pouvez voir ce qu'il en est actuellement.
MARGARET BRENNAN : C’est vrai, c’est un chiffre fluctuant. Ce n’est pas une constante. Mais avant de vous laisser partir, le président de la commission des finances du Sénat, je sais que vous étiez présent à cette réunion à la Maison-Blanche cette semaine, a indiqué que quadrupler la déduction fiscale des États et des collectivités locales, ou taxe SALT, ne l’intéressait pas. Il n’y a pas au Sénat les mêmes considérations politiques qu’à la Chambre qui l’exigeraient, n’est-ce pas ? La Maison-Blanche est-elle donc déterminée à maintenir ce quadruplement de la déduction fiscale SALT tel quel ?
HASSETT : Le président a déclaré qu'il soutenait une modification de la loi, des déductions fiscales au niveau des États et des collectivités locales. C'est un véritable marchandage entre le Sénat et la Chambre des représentants. Le président a énuméré ses priorités concernant le projet de loi fiscale : pas de taxe sur les pourboires, pas de taxe sur les heures supplémentaires, vous les connaissez toutes. Le Sénat et la Chambre savent que ces priorités sont des limites à ne pas franchir pour le président. De l'autre côté, ils négocient ce qu'ils vont négocier, car le niveau de soutien au Sénat est différent de celui de la Chambre des représentants. Au final, ce dont nous avons besoin, ce que le président souhaite, c'est un projet de loi adopté. Il sera adopté le 4 juillet.
MARGARET BRENNAN : Le sénateur Crapo doit donc se préparer à ce que la situation reste telle que rédigée par la Chambre.
HASSETT : Il doit trouver une solution avec la Chambre.
MARGARET BRENNAN : D’accord. Kevin Hassett, merci pour votre temps ce matin. À bientôt.